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Le roman policier africain est surtout connu grâce à des auteurs sud-africains écrivant en anglais ou en Afrikaans comme Deon Meyer (13 heures), Roger Smith, Mike Nicol (Power Play), Michèle Rowe (Les enfants du Cap) ou Karin Brynard (Les milices du Kalahari). Parmi les auteurs anglophones, on peut aussi citre les Nigérians Kole Omotoso (Fella's choice)  Leye Adenle (Lagos Lady) et le Ghanéen Kwei Quartey (Epouses et assassins). 

La réalité politique et économique post-apartheid ou post-coloniale constitue l’épine dorsale de leurs œuvres : démocraties mises à mal, misère et chômage endémiques, corruption, criminalité grandissante, violences urbaines, xénophobie et affrontements ethniques, etc.  Souvent engagés sur le plan politique, ces écrivains donnent à voir la réalité sociale du continent.

Les intrigues des polars africains ne forment pas les parties les plus intéressantes de ces narrations. En revanche, l’information sociologique que l’auteur veut partager avec son lecteur (ce qui inclut les préoccupations concernant la mondialisation, les alliances stratégiques, les diamants, le braconnage d’ormeau, le trafic de drogue international, la course aux armements, la corruption politique, la fraude et les scandales) devient quintessentielle. (1)

Le roman policier africain francophone, moins connu, va également dans ce sens. Après les grands précurseurs du milieu des années 80, le Malien Modibo Sounkalo Keita (L’archer Bassari) et le Camerounais Simon Njami (Cercueil et Cie) c’est au début des années 90 que Moussa Konaté (un autre Malien), Abasse Ndione (La vie en spirale, qui aura les honneurs de la Série noire, et Ramata) ou Asse Guèye (No woman no cry), tous les deux Sénégalais, se font connaître d’un public encore confidentiel.

Viendront ensuite les Zaïrois Désiré Bolya Baenga, auteur de deux romans « ethnologiques », La polyandre et Les cocus posthumes et Achille F. Ngoye, dont Agence Black Bafoussa, Sorcellerie à bout portant, Ballet noir à Château-Rouge ont été publiés dans la Série noire. Ces romans, tout comme Cercueil et Cie de Silon Njami, ont pour cadre les lieux fréquentés en Europe, surtout à Paris, par la communauté africaine.

La relève est plus tard assurée par Janis Otsiemi dont les personnages peuplent les quartiers chics ou informels de Libreville et qui n'hésite pas à mettre en avant dans African tabloïd ou Le festin de l’aube la corruption et les errements de la société gabonaise. Egalement par Florent Couao-Zotti qui, après Notre pain de chaque nuit, fait de Cotonou « ville déglinguée pour des vies déglinguées » le décor de La traque de la musaraigne, entre roman d’initiation et road-movie échevelé en Afrique de l’Ouest. A signaler aussi la littérature francophone d'Afrique du Nord avec Yasmina Khadra (Qu'attendent les singes) et, parmi les nouveaux auteurs, le Ghanéen Mamady Koulibaly (Le tueur de la cité perdue) et l'Ivoirien Khioud Sakanoko (Dans les griffes du Cartel).

Il faut aussi faire une part aux lusophones avec les Angolais Pepetela (Juan Bunda, agent secret) et Jose Eduardo Agualusa (La guerre des anges).

(1) Karen Ferreira-Meyers, Le polar africain, Le monde tel qu’il est ou le monde tel qu’on aimerait le voir (2012, Afrique contemporaine) : https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2012-1-page-55.htm

Tag(s) : #Biographies – Bibliographies - Résumés
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