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Avant tout commentaire, précisons que, sur un continent où les auteurs de romans policiers ne sont déjà pas légion, les autrices constituent une rareté.  On sait donc gré à Marie-Françoise Ibovi d’avoir opté pour un genre qui offre de nombreuses déclinaisons (énigme, procédure, thriller…) et une grande variété dans les thèmes abordés. Félicitons-nous également que Le cadavre du fleuve sorte chez un éditeur de Pointe-Noire au Congo, Les lettres mouchetées, qui vient par ailleurs de publier le dernier roman de Janis Otsiemi, Au ras des hommes.

Venons-en au roman. Magali Foundou, commandante de police à la brigade criminelle de Brazzaville, enquête avec son équipe sur le meurtre d’un ancien truand qui s’est acquis une respectabilité en investissant dans les cercles de jeux. L’homme, Ngatsi Batélé Kundu, a été égorgé et son corps déposé sur la rive du fleuve Congo. Entre ses anciennes connaissances du milieu, ses concurrents et des membres de sa famille en conflit avec lui, les coupables ne manquent pas. Au terme d’investigations qui suivent la progression classique du roman de procédure policière – enquête sur le terrain, interrogatoires de proximité, travail de la légiste et de l’équipe scientifique… – et après quelques fausses pistes, l’énigme de la mort de Ngasi sera résolue.

Le fleuve Congo à Brazzaville.

Le cadavre du fleuve est un honnête roman policier proposant une enquête qui, à défaut d’être complexe, est crédible. On peut ici être reconnaissant à Marie-Françoise Ibovi qui, en prenant pour thème une affaire classique d'assassinat, nous épargne les serial killers et autres pervers assassins d’enfants. Les protagonistes, que ce soit au sein de l’équipe de la « Crim’ » ou parmi les suspects potentiels, sont bien saisis, même si la part belle revient à Magali Foundou, « Mère Mag » pour ses hommes. Elle constitue d’ailleurs un personnage intéressant, de par sa pugnacité et son courage, mais aussi de par son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Une sous-intrigue dans le roman vient illustrer son action et, dans des repères juridiques en fin de volume, un spécialiste expose les avancées de la législation congolaise en la matière.

Basilique Sainte-Anne-du-Congo, Brazzaville.

Nous avons donc ici un roman sympathique que se lit sans déplaisir. On peut certes reprocher à l’autrice quelques maladresses, comme par exemple d’encombrer les premiers chapitres de précisions (carrière de la commandante, institutions congolaises…) qui gageraient à être progressivement incluses dans le roman pour plus de fluidité. Il me semble toutefois avoir relevé un anachronisme : alors que l’action se déroule en 2021, lors de l’enterrement de Ngatsi, dans la Basilique Sainte-Anne-du-Congo, il est mentionné que l’animation musicale est assurée par la chorale des Piroguiers du Congo « sous la direction de son chef d’orchestre Emile Oboa ». Or si l’ensemble musical existe bien toujours, Emile Oboa, qui fut l'un des musiciens à l’origine de sa création, est décédé en 1986.

Le cadavre du fleuve, Marie-Françoise Ibovi © Pointe-Noire (Congo), Les lettres mouchetées, 2023.

Tag(s) : #Congo, #Romans en français, #Afrique australe
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