La deuxième enquête (après Les captives de l’aube en 2006) de la journaliste et enquêtrice sud-africaine Clare Hart la conduit à Walvis Bay en Namibie, une ville portuaire aux portes du désert du Namib où une succession de meurtres d’enfants des rues sème la confusion : crimes crapuleux ou provocations de la part d’une ethnie désireuse de récupérer les territoires dont elle a été spoliée ? Ce sont les deux pistes qu’entendent privilégier les autorités d’une ville que la crise de la pêche a mis en grande difficulté et qui attend beaucoup du tourisme et des investisseurs. Ce n’est pas toutefois l’avis de Tamar Damases, la jeune capitaine en charge de l’enquête, qui décide de solliciter Clare, bientôt assistée du capitaine Faizal, de la police du Cap.
Sur fond de récession économique dans une zone marquée au fer rouge par l'ancien colon sud-africain et ses méthodes brutales de gestion, peu s’émeuvent de l’assassinat de ces « orphelins du sida » qui survivent sur les décharges publiques. Mais quand l’affaire prend un tour plus politique et fait resurgir des épisodes peu glorieux du passé, les choses se compliquent. Trouver un bouc émissaire en la personne d’un membre de la tribu nomade des Topnaars se révèle alors bien pratique.
Roses de sang s’inscrit dans la tradition du roman policier avec des assassinats, une enquête de procédure, des fausses pistes… Un récit complexe pour les lecteurs non familiers de l’histoire mouvementée de la Namibie – colonie allemande puis sud-africaine, sous le régime de l’apartheid jusqu’à une Indépendance acquise au prix de combats féroces – dont la composition ethnique est très diverse. Ainsi, Tamar Damases appartient à la communauté Nama et l’un de ses adjoints est Herero. Entre les Noirs issus de différentes ethnies, les Blancs descendant des colons allemands ou afrikaners et les Métis, les choses ne sont pas faciles à gérer, encore moins quand deux « intrus » sud-africains viennent prêter main-forte à leurs collègues… ou, pour certains, se mêler de ce qui ne les regarde pas.
L'intérêt de Roses de sang réside dans sa composante politique et anthropologique qui occupe la majeure partie du livre. Sur le plan de la narration, on peut reprocher une fin aussi conventionnelle que prévisible avec un sauvetage in extremis des protagonistes mis en danger par leur confrontation avec les tueurs. Un dénouement bâclé en quelques pages qui este finalement peu crédible.
Margie Orford (2009), Roses de sang (Blood rose, 2007) © Paris, Payot-Rivages, 2009.