L'enquête sur le meurtre d’Adam Barnard, un des poids lourds de la scène musicale afrikaner, et une course contre la montre pour retrouver Rachel Anderson, une jeune touriste américaine enlevée par un gang de criminels de la région du Cap après qu’ils aient égorgé sa compagne de voyage, sont au cœur de la deuxième enquête de l’inspecteur Benny Griessel. Treize heures, soit une dure journée pour celui qui doit aussi cornaquer ses jeunes collègues, régler ses déboires conjugaux et lutter contre son abus d’alcool. Mais Deon Meyer alterne avec efficacité le suspense lié à la recherche de la jeune Américaine et l’enquête de Griessel sur le meurtre de Barnard, aidé par une solide équipe de policiers zoulous, xhosa, métis et afrikaners, très représentative de la « nation arc-en-ciel » postapartheid.
Comme Michèle Rowe, Mike Nicol ou Karin Brynard, Meyer dépasse avec 13 heures le cadre d'un roman policier proche du thriller pour se livrer à une description lucide et critique de la société sud-africaine : violente du fait des gangs qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins, à la peine pour accepter la mixité ethnique et empêtrée dans les inégalités sociales et la corruption. Ce qui donne un roman efficace, cruel et désabusé.
Est-ce que tu as été marginalisé toute ta vie ? Maintenant que vous, les Blancs, vous avez la discrimination positive sur le dos, maintenant vous croyez comprendre. Vous comprenez que dalle, moi, j'te le dis ! C'était ou maître ou esclave, on a toujours compté pour des prunes, pas assez blancs à l'époque, pas assez noirs maintenant, ça n'en finit jamais, coincé au milieu de cette putain de palette de couleurs.
Deon Meyer, 13 heures (13 Uur, 2008) © Paris, Seuil, coll. « Policiers » 2010.