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Ce roman, dont l'action se situe  en Afrique du Sud mais écrit par un auteur anglais, est captivant de bout en bout. Turner est un flic noir, honnête, méticuleux et tenace, qui ne s’en laisse conter ni par les puissants ni par les nostalgiques de l’apartheid. Amené à enquêter sur la mort d’une jeune fille du township du Cap tuée par un chauffard ivre, il prend la route pour traquer les coupables au plus profond du bush du Cap-Nord, une province peuplée en majorité d’Afrikaners et de Métis. Il va s’y heurter à une grande famille exploitant les mines de manganèse, dirigée d’une main de fer par Margot Le Roux, une femme d’affaires implacable, protégée par une police locale corrompue.

Turner n'a que mépris pour cette police et pour lui une seule chose importe : la justice. Il est donc prêt à tout, vraiment tout, pour satisfaire cette exigence. Tout cela pour une pauvre fille au bout du rouleau, écrasée un soir près d’un bar du township, et dont tout le monde se fichait. Après tout, « La mort, c’est notre sport national », dit l’un des personnages.   

La mort selon Turner n’est pas une simple enquête de police, les coupables sont identifiés d'entrée de jeu et seul importe s’ils seront confondus ou non, mais un combat implacable entre Turner, le solitaire adepte du Tai-chi-chuan et fin tireur, et Margot, la femme de tête entourée de sa garde prétorienne. Deux volontés pures vont s’affronter, l’une pour faire triompher la justice, l’autre pour protéger ce qu’elle a de plus cher, son fils.

Tim Willocks campe des personnages complexes, Turner et Margot en premier lieu, avec leurs secrets et leurs contradictions, mais aussi quelques figures locales représentatives de la société sud-africaine actuelle. Sa description des paysages désertiques du Cap-Nord sont magnifiques et font de La Mort selon Turner un roman de la frontière, un véritable western avec sa mine isolée, ses desperados et ses policiers aux ordres.

Turner ne sut pas comment le prendre. Il se sentait presque blessé. C'était très étrange, de la part d'un prédateur aussi infatigable que lui. Le colonel Nyathi, qui n'avait pas la langue dans sa poche, l'appelait le lion de Nyanga. Il respectait méticuleusement la procédure, son dossier ne faisait pas état de la moindre brutalité et sa ténacité était proverbiale, quoique épuisante pour les autres. Quand il était en colère, il valait mieux ne pas croiser son chemin.

Roman de la lutte d’un homme à l’intégrité absolu contre une société pourrie par la corruption, La mort selon Turner est particulièrement violent mais ne tombe jamais dans la complaisance, trop souvent la marque de fabrique de certains auteurs aujourd’hui. Turner est un justicier et il rend sa justice : animal à sang froid au regard impénétrable, il élimine ceux qu’il considère devoir être éliminés. Le décompte final des morts est d'ailleurs impressionnant. En cela, il rappelle Jim Duncan, alias Clint Eastwood, dans L’homme des hautes plaines.

Tom Willocks, La mort selon Turner (Memo from Turner, 2018) © Paris, Sonatine, 2018.

Tag(s) : #Afrique du Sud, #Romans en anglais, #Afrique australe
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