Cette histoire d'amour, de mort qui se déroule sur vingt ans au Sénégal commence par un bref prologue relatant la découverte du cadavre d'une vieille femme sur une plage. S'ensuit l'histoire de Ramata, une très belle femme à qui tout devrait réussir, si ce n'est qu'une douleur profonde, permanente, la ronge.
Présenté par l'éditeur comme un roman policier, Ramata est en fait une longue fresque mettant en scène le Sénégal à la veille du millénaire dans laquelle s'inscrit l'histoire d'un couple parvenu au sommet de la richesse et du pouvoir. Pourtant, Ramata Kaba qui a bien du mal à contrôler ses pulsions, ce qui la conduit à être à l'origine d'un accident qui coûte la vie à l'un de ses employés. Ses relations politiques vont lui permettre d'étouffer l'affaire et d'éviter le scandale, mais le destin veille.
Ramata est le long récit d'une vengeance posthume, divine ou mystique, s’interroge un protagoniste. Car vingt ans après l'accident, qu'elle a complètement occulté, Ramata va rencontrer le fils de son employé sans savoir qui il est. La suite est à découvrir, mais ne se passera pas sans menaces et morts brutales.
L’Afrique était pleine de mystères insondables, dépassant tout entendement et raisonnements scientifiques. Mais n’est-ce pas là les caractéristiques de tout mystère, après tout ? Il ne pouvait pas les rejeter en toute objectivité, quand bien même il ne parvenait pas à leur trouver une explication acceptable, pour avoir été confronté à plusieurs reprises à des faits irrationnels qui n’en demeuraient pas moins réels.
Ramata est un grand roman sur le destin, le péché et sa punition. Superbement écrit, avec des protagonistes écartelés entre les croyances traditionnelles et une approche rationnelle du monde, le roman fourmille de détails sur la vie sociale et politique dans les villes et les villages du Sénégal. Cela donne un livre fort et intense qui capte l'attention du lecteur jusqu'à l'épilogue.
Abasse Ndione, Ramata, © Paris, Gallimard, 2000.