Deux fillettes, des jumelles, sont retrouvées assassinées et mutilées sur la place d’Aligre à Paris. L'enquête réunit dans le microcosme des Africains de Paris l'inspecteur Robert Nègre et certains protagonistes de La polyandre. Cela dans une atmosphère délétère où il est question de sorcellerie, de meurtres rituels et de trafics d’organes.
Bolya met ici en scène une palette de protagonistes véreux, des Excellences africaines se croyant au dessus des lois humaines, des affairistes européens sans scrupules et leurs hommes de main, des charlatans organisateurs de messes noires — dont un inquiétant « Maître inspirateur délégué » — et des femmes très libres. Sans oublier Makwa, ami d’enfance de Nègre passé maître dans l’art du chantage, faux frère jusqu’à l’abjection.
Même s'il comporte une enquête, Les cocus posthumes embraye vite sur l'analyse sociologique et le roman politique à clés, laissant les descriptions des cérémonies initiatiques et l’analyse des motivations des protagonistes l'emporter sur la méthode et le cheminement de la réflexion de Robert Nègre, le flic calme adepte de Sun Tzu et de ses stratégies. Pourtant, amer et conscient de son impuissance à punir des coupables protégés en haut lieu, il ne peut que trouver un léger espoir à l'annonce de la création de la Cour pénale internationale.
Qu’est-ce que tu veux, j’oublie toujours que tu vis au pays des droits de l’homme, que tu risques d’avoir des problèmes. Pour ma part, je ne cours aucun danger, ici, je fais ce que je veux. Hé, hé, ici il n’y a pas d’Etat. Ici, personne ne comprend ce que cela veut dire. Ici, il n’y a plus rien. Il n’y a que moi et moi. Tous les autres ne sont que des cocus vivants, des cocus ambulants.
Désiré Bolya, Les cocus posthumes © Paris, Le serpent à plumes (Serpent noir), 2001.