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Le commissaire Habib Keita est appelé de Bamako pour tenter d'élucider le meurtre d'un jeune Touareg. Alors qu'au même moment un touriste français subit des menaces de mort, l'enquête s'avère délicate, entre la tension que fait peser l'AQMI sur la région, des familles invoquant des rivalités claniques ancestrales et des autorités peu enclines à coopérer. Dans une ville chargée d'histoire, bien loin de la capitale, Habib, assisté de son adjoint Sosso et d’un agent du renseignement français, découvre que les traditions et de coutumes sont autant d'obstacles à sa mission. 

Comme je le dis toujours à Sosso, la société malienne est complexe. Y mener une enquête policière comme on le ferait en France n'est pas toujours évident, car d'une région à l'autre les coutumes varient. C'est une société où l'islam, le christianisme cohabitent et se mélangent avec l'animisme ; le Mali d'hier ne s'estime pas vaincu par le Mali des temps modernes. Il faut donc toujours se rappeler de cette diversité quand on mène une enquête ici. (2015 : 72)

Le commissaire doit donc montrer sa détermination à faire son travail jusqu'au bout, face aux notables et aux imams de Tombouctou, qui, le gouverneur de la région en tête, souhaiteraient le voir quitter la ville au plus vite et confier l'enquête à un marabout-devin! Pas de quoi faire plier ce farouche adepte du raisonnement logique et de la vérité scientifique qui, une fois de plus, doit trouver l'équilibre entre le respect qu'il porte aux coutumes de ceux à qui il est confronté et son engagement à faire respecter la seule loi qu'connaisse, celle du Mali. 

Meurtre à Tombouctou explore ainsi la mentalité des habitants d'une ville où la tradition reste forte ainsi que celle des Touaregs, qui peinent à faire respecter leur identité et leurs pratiques face à un Etat centralisateur. Des règles qui sont sources de graves conflits au sein des familles ou entre les clans, et que Konaté l'évoque à partir d'une mésalliance, sans la porter toutefois à son paroxysme de violence vengeresse comme le fait Aïda Mady Diallo dans Kouty mémoire de sang.

Cette approche « en douceur », si l'on peut dire, et une intrigue crédible rendent la lecture de Meurtre à Tombouctou plaisante, bien que le roman pèche par un ton très convenu, une écriture assez plate et, si l'on excepte Habib, par des personnages à la limite du stéréotype. Quelques années après sa parution, il reste toutefois d'actualité.

Moussa Konaté, Meurtre à Tombouctou © Paris, Métailié, 2014 et Points, coll. « Policier », 2015.

Tag(s) : #Mali, #Romans en français, #Afrique de l'Ouest
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