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Souleymane n’est pas un mauvais bougre, mais il n’est pas très vaillant et il préfère passer ses journées à boire du vin de palme plutôt que de poursuivre des études. Mais, surtout, malgré des tentatives qui ont tourné à la catastrophe, il rêve encore de rejoindre l’Europe, l'objet de tous ses espoirs.
Un candidat à l’immigration est comme un chercheur d’or. Que les éboulements surviennent et emportent des âmes ; si le chercheur d’or n’y laisse pas sa vie, il poursuivra courageusement sa quête du bonheur. Il en est de même du migrant. La pirogue ou le navire peuvent tanguer ou même chavirer sous la pression des flots agités. Si le migrant s’en sort indemne, il voudra continuer l’aventure dans l’espoir de fouler un jour l’autre rivage de la Méditerranée.
C’est alors que son ami Philippe lui recommande un géomancien – un féticheur qui pratique la divination par l'examen des figures que forme une poignée de terre ou de cailloux jetée sur le sol – qui lui promet monts et merveilles, mais à quel prix. Quelques jours plus tard, et le commissaire Youssouf et l'inspecteur Simakan sont sur la trace du meurtrier de trois jeunes femmes.
Roman policier sans grand suspense ni rebondissements, Le tueur en série de la cité perdue évoque au détour d’une intrigue prévisible le désir d’une vie meilleure et les moyens d’y parvenir. Dans plisseurs de ses romans, les Maigret notamment, Georges Simenon se demande comment on devient un assassin. Ici, la question est de savoir jusqu’où peut-on aller et quel prix est-on prêt à payer pour obtenir ce que l’on veut. Un thème souvent traité, dans Faust ou dans Le Portrait de Dorian Gray.
Devait-il ôter lui-même les vies humaines, ou recourir aux services d’un criminel sans foi ni loi ? Il se rappela les mises en garde de Koro Sina au sujet de la tenue du secret et résolut d’agir seul. Il attendit jusqu’à l’approche du crépuscule, monta dans une Toyota couleur cendre et sortit de la cour sans préciser sa destination. Sa décision était prise ; il la murmura en appuyant sur l’accélérateur :
– Le sang va couler.
Mamady Koulibaly, Le tueur en série de la cité perdue, Paris © L'Harmattan Guinée, 2017.