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Alors que le confinement vient d’être instauré à Lagos, Bambi, viré manu militari par sa compagne du moment, trouve refuge chez sa tante, Bidemi, dont le mari a été une des premières victimes de la pandémie. Dans la vaste maison, il découvre une autre femme, Esohe, qui fut la maîtresse de son oncle (et accessoirement la sienne pendant une brève période) et un bébé. Les choses se compliquent quand chacune des femmes prétend être la mère de l’enfant. Une revendication qui vire rapidement à l’affrontement verbal puis physique.

Alors que les hôpitaux ont d’autres priorités que de faire des tests de maternité, Bambi doit faire face aux deux femmes, chacune essayant à sa manière de s’approprier l’enfant, par exemple en pratiquant sur lui des scarifications tribales ou en lui donnant chacune un prénom. Ce huis-clos éprouvant se complique quand surviennent des événement mystérieux – le riz servi au dîner contient du sable, des trainées de sang apparaissent sur les murs – et Bambi n’a d’autre ressource que de prendre les choses (et le bébé) en main.

J'ai terminé. Je vais voir si le bébé va bien.

Non, s’est écriée Esohe. C’est mon tour de m’occuper d’Efosa !

Tu veux dire Rémi, a grondé tante Bidemi.

– Ce n’est pas son nom, il s’appelle Efosa

Je me suis immobilisé. Si ces deux là décidaient de se sauter à la gorge et de s’entretuer, il ne restait que moi pour nettoyer le carnage. Et j’avais assez vu de sang pour la journée

Tante Bidemi a reniflé.

Ce n’est pas un prénom Yoruba.

Je ne suis pas Yoruba. (2023 : 78-79)

Pas vraiment un roman policier (pas de crime, intrigue ténue), encore moins un thriller haletant (les événements « mystérieux » sont bien anodins), L’une ou l’autre est avant tout – comme l’était Ma sœur, serial killeuse, le premier roman d’Oyinkan Braithwaite – une histoire de famille et une histoire de femmes. Car outre les deux harpies qui de disputent Remi/Efosa, Bambi, acteur et narrateur, doit faire face à son ancienne petite amie et gérer les problèmes conjugaux de sa sœur.

Ce très court roman se lit très vite avant que le lecteur ne se lasse. Les protagonistes sont pourtant bien typés, que ce soit Tante Bidemi en femme obsédée par son désir de maternité, Esohe en jeune effrontée qui sait user de ses charmes pour capter les hommes ou Bambi en Don Juan qui sait rester lucide (« Nous n’étions que les esclaves de notre instinct animal. (54) » et parvient ainsi à découvrir ce qui se cache derrière les masques. Comme elle l’avait fait avec talent dans son premier roman, Braithwaite parvient ainsi à créer et à faire vivre des personnages crédibles dont elle met en avant les forces et les faiblesses

Tout en trouvant heureuse la formule de l’Evening Standard de Londres qui qualifie L’une ou l’autre de comic domestic noir, qualifier l'auteur, malgré une entrée fracassante dans la littérature policière avec Ma sœur, serial killeuse, de « nouvelle reine du crime » est certainement exagéré. On attend donc encore d’elle un vrai roman policier.

Oyinkan Braithwaite, L’une ou l’autre, trad. fr. de The Baby is Mime (2021) © Paris, La croisée, 2023.

Tag(s) : #Nigeria, #Romans en anglais, #Afrique de l'Ouest
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