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Sur un thème fréquent dans le roman policier africain – la lutte contre un régime dictatorial – Jérôme Nouhouaï compose une épopée vengeresse, sanglante et absurdement tragique. Alors que le Président-fondateur d’un pays d’Afrique de l’Ouest, arrivé au pouvoir par la force, maintient sa position par la violence et des exactions que condamne du bout des lèvres l’Occident, le héros-narrateur voit sa petite amie d’un soir abattue sous ses yeux lors d’une manifestation étudiante. Ayant reconnu le responsable, un militaire sans scrupules, qui se trouve être l’un de ses voisins, son unique but va être de le retrouver pour lui faire payer son forfait.

Construit en trois parties – Ici, Ailleurs, Maintenant – La mort du lendemain conduit le narrateur en fuite de son pays à une terre d’exil où il sera d'abord ébloui par les lumières de Ville-forte, la perle de l’Afrique de l’Ouest, avant de découvrir qu'elle n’est qu'un miroir aux alouettes et de revenir chez lui. Poussé dans sa folie vengeresse à tuer pour ne pas être tué, il rencontrera dans son errance quelques amis fidèles disposés à l’aider, surtout des compatriotes exilés et contraints à travailler illégalement, mais aussi les personnels et les résidents d’un camp de réfugiés. Il sera aussi témoin des maux ravageant quotidiennement le pays : l'inefficacité, la misère, la corruption et la prévarication, l’usage de la force brutale, maux que la période troublée ne fait qu'amplifier.

Ecrit en courtes phrases percutantes, peu avare de scènes de violence et de commentaires politiques, La mort du lendemain est à la fois un roman policier, une tragédie de la vengeance et un roman d’apprentissage. Son intérêt est de montrer comment des événements dramatiques peuvent transformer un jeune homme banal, un étudiant parmi tant d’autres – le fait qu’il ne soit pas nommé le rend universel – en rebelle prêt à tout pour se venger, capable dans sa fureur d'inciter ses compatriotes à participer à une révolte populaire :

Ceux qui se moquaient de moi à l’université auraient du mal à me reconnaître. Dora aussi d’ailleurs. Mais au fond, il n’y a que les situations qui révèlent les hommes.  (2010 : 195)

 Confronté à la violence quotidienne, ballotté dans une histoire où le hasard et la fatalité jouent un grand rôle, meurtri dans son âme et sa chair, il ne sortira ni vainqueur ni vaincu de cette expérience, seulement un peu plus résigné.

NOUHOUAI Jérôme (2010), La mort du lendemain, Paris, Présence africaine.

Tag(s) : #Bénin, #Romans en français, #Afrique de l'Ouest
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