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J’ai toujours aimé la nuit de Patrick Chamoiseau raconte l'étrange confrontation entre un inspecteur de la PJ à quelques heures de la retraite et un assassin, une sorte de garde à vue inversée mettant aux prises Ephraïm Evariste Pilon, vieux flic féru de Glissant et de Saint-John Perse, et Hypérion Victimaire, justicier auto-proclamé, qui le tient sous la menace de son arme.

Victimaire est une sorte d''archange exterminateur en lutte contre des jeunes perdus par la misère, la violence et le crack. L"« l’inspectère » Pilon,, lui, a toujours rêvé « à une belle enquête qui aurait donné du sens à sa vie policière »mais a dû « se réfugier dans les romans policiers pour vivre une vraie chasse aux criminels ». Leur confrontation débute dans l'horreur avant que ne se développe une une sorte d’empathie, une fois mieux perçus les méfaits des victimes. Une descente dans le désespoir le plus sombre avant que n’apparaisse une légère lueur, comme si la vengeance pouvait mener à la rédemption.

Une sorte d’abîme, inspectère, dans lequel nous avons basculé sans nous en percevoir. Et je vais même te dire plus : si des gens comme Hortensius Capilotas existent, ou un archange comme moi, et si tous ces monstres que je châtie sont si nombreux, et nous désespèrent tant, c’est que cette chose qui a été créée par l’homme a explosé en nous et nous possède comme l’aurait fait le pire des démons.

Le monologue logorrhéique d’Hypérion Victimaire justifiant sa « mission » et la cavalcade dans « l’en-ville » qui suit l’un de ses crimes est entrecoupé par les réflexions de Pilon sur l’enquête qu’il menait avant leur face-à-face. Dans ce huis-clos haletant, le temps de l’action et le temps de la narration  se confondent dans un vaste tumulte émotionnel jusqu’à l'explication-explosion finale. Cette structure complexe est servie par une écriture qui, comme dans Texaco joue sur la diglossie créole-français, entre « langue maman » et langue cartésienne.

Le roman a été initialement publié en 2013 sous le titre Hypérion Victimaire, Martiniquais épouvantable dans la collection Vendredi 13 aux éditions La Branche.

Patrick Chamoiseau, J'ai toujours aimé la nuit, Paris, Sonatine, 2017.

Tag(s) : #Romans en français, #Antilles françaises
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