Les duettistes des Affaires criminelles de la PJ et de la Direction générale des recherches (gendarmerie) de Libreville, que l'on a connus très dissipés dans African tabloid, et d'autres romans de Janis Otsiemi, amateurs de cuisse tarifée, de deuxième bureau, d'enveloppes bien garnies et de boissons fortes se sont bien assagis. Au point de regagner sagement le foyer familial une fois la journée de travail terminée, en bons époux et bons pères !
A Libreville, deux événements apparemment sans rapport – la mort suspecte d'une jeune femme et le cambriolage d'un dépôt de munitions de l'armée – occupent les lieutenants Boukinda et Envame (Gendarmerie) d'un côté et les capitaines Koumba et Owoula (PJ) de l'autre. Autres temps, autres mœurs, les deux binômes – dont les relations antérieures étaient sur la base du « je t'aime moi non plus! » – vont collaborer harmonieusement.
Après Tu ne perds rien pour attendre (Plon, "Sang neuf", 2017), Janis Otsiemi revient à ses personnages familiers pour cette double enquête dans laquelle une affaire de droit commun côtoie une tentative de déstabilisation de la république gabonaise. Le festin de l'aube est un bon roman policier politique, bien construit, avec toutefois moins de couleur locale que dans les ouvrages précédents. Moins de langage fleuri également, même si l'auteur reste fidèle à l'utilisation de proverbes (« Avant de s'attaquer à une bête, la panthère observe d'abord sa taille ») en tête de chapitre. Une lecture agréable, bien que, comme dans Tu ne perds rien pour attendre, il manque ici la musique si particulière que l'on trouve dans Les chasseurs de lucioles ou La bouche qui mange ne parle pas.
« - Quels genres de coups ?
- Des petits braquages de commerçants dans le quartier. Il y a quatre ou cinq ans, ils ont fait la caisse de l'essencerie du carrefour Hassan. Ils ont raflé pas moins de vingt bâtons. Carlos s'était même acheté une merco avec laquelle il farotait au quartier. Il l'a revendue plus tard quand il a mangé toute sa part du pognon en femmes et en shit. » © Jigal, 2018.
OTSIEMI Janis (2018), Le festin de l'aube, Marseille, Jigal.